A poster dans le premier post du Jour 4 :
Le "coup de théâtre" n'était pas un de ces vains artifices à employer à la légère, les protagonistes et les esprits les plus acérés sont habitués aux effets de diversion spectaculaires ; prenez garde car leurs critiques n'en seront que plus mordantes.
Et sans verser dans le mélodramatique, considérons bel et bien que la nuit de Valognes venait d'entrer dans le tournant de son histoire. L'Ombre avait maintenant atteint chacun des êtres du château, conjurés comme victimes. L'heure était à la révélation, au combat et à la mort : Don Juan conduit en place publique, et que le monde décide du sort au Mythe !
Mais avant tout il fallait revenir aux sources, aux origines même du mythe en question, et pour cela nul ne pouvait égaler la parole d'un père.
Du secret dépendrait la lumière, les ténèbres ne paraissant jamais plus sombres qu'avant l'aube. Mais cette dernière était encore loin..... peut-être.
******************
- Don Juan, un mot
- Père.....
- Mon fils, je vous aie poursuivi depuis longtemps, je vous aie supplié, je vous aie menacé, je vous aie embrassé, je vous aie renié. Cette nuit je suis revenu, une dernière fois pour vous.
- Oui, vous voilà pour assister à mon mariage et vous assurer de visu de ma présence à l'autel. Je suis charmé d'une telle attention, néanmoins je dois vous prévenir que la dot de la mariée sera bien pauvre : cette vieille ruine de château tombe en morceaux et je n'ai pas l'intention de m'enterrer en cette fichue Normandie
- Je ne pense pas que vous vous marierez mon fils
- ...
- ...
- Vous êtes surprenant mon père, moi qui espérais vous contenter ; il aura été dit que rien ne venant de moi ne trouvera grâce à vos yeux
- Je vous connais Don Juan, j'ai lu et entendu vos paroles à chaque fois. Vous ne mentez guère, sauf hypocrisie ultime. Et cette nuit vous n'avez pas menti non plus. En vérité vos paroles m'ont ému
- Vous ne me voudriez donc point marié ?
- Je vous veux digne et respectable, marié et aimant, je vous veux heureux mon fils. Las, ce mariage-là ne saurait en être un gage. Car vous n'aimez pas/
- J'apprendrai, il me suffit d'être aimé et épousé pour que le reste ne vienne que naturellement.
- Non Don Juan, ces choses-là ne peuvent se forcer. Oh que vous avez changé mon fils ! Jadis vous ne doutiez point, vos paroles reflétaient votre propre conviction : vous étiez amoureux de toutes les femmes et toutes les femmes vous le rendez. Mais maintenant....
- Vous vous trompez mon père, je n'ai jamais aimé.
- Vous n'aviez jamais aimé oui, ou plutôt vous ignoriez le véritable amour.
- Ne dites pas cela....
- Je vous aie pénétré mon fils, car vos paroles m'ont touché plus que je ne saurais dire : vous n'êtes plus le même n'est-ce pas ?
- Non....
- Votre vie a changé..... le regard que vous portiez sur les femmes aussi. Vous les aimez mais ce n'est plus pareil..... car vous avez découvert autre chose
- ....
- Vous avez aimé Don Juan, et en réalité ce mariage ne vous sauvera point car je vois que vous aimez encore. Osez me l'avouer, osez le dire et l'accepter vous-même.
- C'est assez père, cet entretien m'est pénible. J'épouserai Mademoiselle de Chiffreville, et rien ne l'empêchera, pas même le ciel !
- Ah malheureux, non ! Ne renoncez pas à votre bonheur, retrouvez votre amante et épousez-là !
- Ce bonheur-là n'existe pas, il n'a jamais existé. Adieu Père
- Don Juan, non ! Je vois une Ombre sur vous, elle nous dévore tous. Repoussez-là ne peur qu'elle ne vous dévore. Mon fils, ce sont mes dernières paroles........ Adieu.
*********************